Historique de l’École des Apprentis Mécaniciens de l’Armée de l’Air
– 2. LES PREMIÈRES ANNÉES –
Elle promet d’être belle la nouvelle école toute neuve en 1932, même si les travaux ne sont pas encore terminés lorsqu’elle débute sa mission d’instruction avec l’entrée de la première promotion de 101 apprentis le 3 novembre 1932. Elle va d’abord porter le nom d »École des Apprentis Mécaniciens des Forces Aériennes ainsi qu’en témoignent les inscriptions de son portail d’entrée et la couverture de cette instruction 16-3/EMG du 5 janvier 1933 relative aux conditions à remplir pour y être admis. Cette instruction abrogeait elle même une instruction numéro 1175-3/EMG du 15 avril 1932.
Le 1er août 1933, l’école devient enfin « École des apprentis mécaniciens de l’armée de l’air », nom que reprendra la « circulaire relative aux conditions d’admission » de 1934.
L’instruction ci-dessus (janvier 1933) se propose d’assurer le recrutement des forces aériennes de Terre uniquement et de donner aux jeunes gens qui y sont admis un brevet supérieur de mécanicien d’aéronautique dans différentes spécialités, une instruction et une éducation militaire les rendant aptes à servir et à faire carrière dans les Forces aériennes, le perfectionnement du personnel technique des Forces aériennes. Selon leur degré d’instruction à l’entrée, la durée du séjour des apprentis à l’école peut durer un, deux ou trois ans. Ce n’est cependant qu’en 1933 que les élèves pourront apprécier l’agrément total de bâtiments neufs et modernes pour l’époque. En 1933 dans ces bâtiments flambants neufs, le but est de former chaque année six cents mécaniciens.
Rappelons que le site choisi pour construire la base appartient à la Marine où elle forme depuis la première guerre mondiale ses pilotes et mécaniciens d’aéronautique. L’environnement proche est donc très « aéronaval » et consiste en de vastes hangars à dirigeables datant des années 20 et en hangars plus récents pour ses avions. Si les zones vie cadres et élèves de la nouvelle école sont confinées dans une enceinte d’environ 5 hectares ( 255 m x 198 m ), le PC et les ateliers ont eux été bâtis hors de cette enceinte, sur l’emprise Marine.
Ci-dessus on franchit la porte d’entrée: à gauche la zone vie des cadres, à droite celle des élèves après le poste de garde. Au centre de la photo c’est le foyer-coopérative et à droite on devine des hangars. Sur le cliché de droite ces hangars sont les hangars pour avions dont le « Dodin » au toit arrondi et à droite deux hangars à dirigeables: le célèbre « Piketty » ainsi que le moins connu « Garnier » (qui sera détruit par une tempête en 1935).
Hors de l’enceinte AIR:
Le bâtiment commandement (PC)
Le « Bâtiment commandement et direction des études » en 1933, à peine terminé. Il sera doté de salles de cours et d’examens dans son aile Est ainsi que d’une salle d’honneur et d’une salle de cinéma et de conférence (l’amphithéâtre) en façade arrière.
Les ateliers
Alignés avec le bâtiment Commandement le long de la route dite « de Soubise », les ateliers ou sont donnés les cours: moteur et cellule mais aussi forge et chaudronnerie, menuiserie, entoilage avions, électricité, photo, radio, à l’aide d’aides pédagogiques adaptés. Les apprentis doivent donc sortir de l’enceinte air par un petit portail côté hangars puis longer le mur d’enceinte vers la route de Soubise au nord en direction des ateliers. Cette manœuvre effectuée en rang et répétée plusieurs fois par jour entre les lieux d’instruction et la zone vie sera baptisée le Mille-Pattes lorsque plus tard les effectifs atteindront des centaines d’élèves.
À l’intérieur de l’enceinte AIR:
C’est ici que se situent trois zones bien distinctes et clôturées: la zone vie des cadres, la zone vie des élèves et l’infirmerie. Les deux zones vie possèdent leur propre réfectoire (déjà appelé mess chez les sous-officiers), le foyer-coopérative étant inclus dans la zone des élèves.
L’entrée base
L’entrée base des débuts montrant le portail d’origine et le poste de garde. La deuxième photo prise depuis le mess des sous-officiers montre la clôture de la zone vie cadres au premier plan puis en face le bâtiment A (futur T1) de la zone vie élèves, le poste de garde et les locaux disciplinaires (prison).
La zone vie « cadres’: mess et logements
La zone vie « élèves »: les logements
Vue de la zone vie cadres, voici celle des élèves dont les trois bâtiments logement A (près de l’entrée), B et A’ (futurs T1, T2 et T3) sont disposés en éventail dans une vaste cour d’honneur.
Pas de lits superposés dans les dortoirs mais la contenance des « armoires » semble bien limitée.
La zone vie « élèves »: le réfectoire
Entre les bâtiments A et B apparait la structure basse du réfectoire des élèves situé derrière les logements et où d’après des témoignages d’époque « la soupe est bonne ».
La zone vie « élèves »: le foyer-coopérative
Le foyer est bâti à l’extrémité opposée des logements des élèves dans la cour de la zone vie, le long de la clôture de la zone vie cadres visible à l’arrière plan et il fait face au bâtiment B (T2). L’aile Nord de l’infirmerie est visible derrière lui et on note l’absence du mât des couleurs qui n’apparaitra en façade qu’après la guerre. Il offre aux apprentis quelques moments de détente (salle de jeux et de lecture entre autres) en cette période où le travail qui leur est demandé est intense, où la discipline est sévère et où les distractions sont rares. Il fait aussi office de coopérative pour leur offrir papier à lettres à en-tête de l’école, et articles de première nécessité à des prix en rapport avec leur maigre solde.
L’infirmerie
C’est la troisième entité a prendre place à l’intérieur de l’enceinte air et elle est bien sûr ouverte à tous. Séparée de la clôture ouest de l’enceinte par un espace « jardin », elle fait face aux pistes et hangars ou a lieu l’activité aéronautique de la Marine (avions et dirigeables). Sur le deuxième cliché on aperçoit de gauche à droite l’arrière du foyer, l’infirmerie et deux bâtiments de la zone vie « cadres ».
La base va vivre et se développer en accueillant et en formant toujours plus d’apprentis jusqu’au cataclysme de 1940 où elle sera évacuée (9 juin) puis bombardée (22 juin) et enfin occupée pendant 4 ans.
A suivre …..
Crédit photos:
Éditions Bergevin
Éditions Delboy
Éditions AHLREP
Raymond Favrot
Écrit par : Fréderic Chaulacel le 17 février 2023