A.A.E.S.O.R 721

1 – La Décision

L’École qui forme à leur métier les mécaniciens de l’Armée de l’air porte aujourd’hui le nom d’EFSOAA, École de Formation des Sous Officiers de l’Armée de l’Air et se trouve sur la base aérienne 721 de Saint Agnant au sud de Rochefort. Rochefort leur apprend la théorie de base puis, à leur sortie, affectés dans une unité à vocation aérienne, ils se spécialisent sur le matériel (matériel aérien ou matériel sol) en service dans cette unité. Cette école assume une mission interarmes puisqu’en plus de former tous les mécanos de l’AA, elle forme à ce même métier les mécaniciens « hélico » de l’ALAT (Aviation Légère de l’Armée de Terre), de l’Aéronavale et de la Gendarmerie. De plus elle assume la formation militaire initiale de tous les sous-officiers de l’armée de l’air, même les non mécaniciens (les pompiers, les secrétaires, les informaticiens, etc.).

Cela c’est son activité d’aujourd’hui, suite aux nécessaires mesures de concentration et de valorisation des compétences sur un même site décidées au début des années 2000. Cela n’a pas toujours été le cas. Les nombreux sous-officiers spécialistes et administratifs dont l’armée de l’air a besoin pour assurer la maintenance de ses matériels techniques (avions, moteurs, radars) et la gestion de ses personnels étaient autrefois formés dans des écoles réparties sur tout le territoire et ne passaient pas forcément par Rochefort. Aujourd’hui, tous passent ici, au moins au début de leur carrière.

Les mécaniciens avions et moteurs, radios, électriciens, équipements bord, armuriers, puis plus tard radars, ceux là ont été formés à Rochefort depuis sa création. Car la base de Rochefort à une histoire, une longue histoire bientôt centenaire. Suivons-la en même temps que celle de la naissance de l’aviation militaire et de ses besoins en mécaniciens.

• • 1 – AVANT-HIER, L’AÉRONAUTIQUE MILITAIRE

Au début de la première guerre mondiale, l’aviation militaire française compte 148 aéroplanes et rend ses premiers services dans des tâches d’observation puis l’augmentation de ses effectifs en appareils de toutes sortes, chasse, reconnaissance, bombardement, entraine un besoin conséquent en personnel d’entretien et de maintenance. Rien n’existe dans le milieu militaire pour y subvenir et jusqu’en 1916 les mécaniciens sont quasiment « formés sur le tas » dans les escadrilles. Cette année là, une première école militaire de formation de mécaniciens voit enfin le jour sous la forme d’un « Centre de Perfectionnement des Spécialistes de l’Aviation » à Bordeaux-Nord qui formera les mécaniciens jusqu’a la fin des hostilités.

Dans les années 20, cette école devient le « Centre d’Instruction des Spécialistes de l’Aviation » et son site de résidence prend le nom de Camp Guynemer.

Le Camp Guynemer à Bordeaux-Nord

Cependant ce site ne forme guère plus de deux cent élèves par an et les besoins en mécaniciens de l’aéronautique militaire sont loin d’être satisfaits. Il est alors fait appel au concours de trois écoles civiles ce qui entraine en plus de grandes disparités dans la formation des personnels.

• • 2 – HIER, L’ARMÉE DE L’AIR

En 1928, le ministère de l’Air est créé. Dès lors, la Direction de l’aviation militaire évoque le besoin d’une école unique de formation de ses personnels techniques. Un site est choisi qui déjà forme des mécaniciens pour les hydravions et dirigeables de la Marine: il s’agit de Rochefort sur mer.

C’est le 9 juillet 1932 que monsieur Albert Lebrun, président de la République, signe le décret portant création de  » L’École des apprentis mécaniciens des forces aériennes ». L’Armée de l’air nait d’un décret du1er avril 1933 et l’école devient « École des apprentis mécaniciens de l’armée de l’air » dès le 1er août 1933. L’AA n’existera comme arme indépendante qu’à partir du 2 juillet 1934.

• • 2.1 – LA DÉCISION EST PRISE

Par « Ordre de service à entrepreneur » n° 47 du 29 Octobre 1931, l’entreprise ROUZAUD, 8 rue de l’Échelle à Paris 1er, est informée qu’elle a été choisie au terme de l’appel à concurrence et qu’elle peut immédiatement débuter les travaux de la première tranche de l’École des Mécaniciens. La maîtrise d’ouvrage sera assurée par l’administration des Travaux Maritimes. En effet l’école des mécaniciens des forces aériennes sera construite sur le terrain dit de Soubise appartenant à la Marine. (Pour info, ce terrain n’est aucunement situé sur la commune de Soubise mais sur celle de Rochefort au Nord de la Charente).

Cette école comportera: un PC (poste de commandement), des ateliers et salles de cours où sera assurée la formation des élèves et deux zones vies, une pour les cadres et une pour les élèves, composées de bâtiments dédiés au logement, à la restauration et aux loisirs. Une infirmerie assurera les soins médicaux pour tous les personnels.

Sa construction débutera donc en 1931 et s’étalera jusqu’en 1933 mais la première promotion de 101 élèves entre à Rochefort le 3 novembre 1932. La seconde débutera les cours en octobre 1933 dans la nouvelle école des apprentis mécaniciens de l’armée de l’air dite de Rochefort-Soubise.

• • 2.2 – CONSTRUCTION DE L’ÉCOLE

C’est un vaste chantier qui s’ouvre donc sur le terrain dit de Soubise appartenant à la Marine. Les zones vie occuperont une surface de 5 hectares (200 m x 250m) et les ateliers et autres bâtiments une surface à peu près équivalente. Ce chantier dont voici quelques photos c’est donc principalement:

• • • la construction d’un PC (Poste de commandement):
      Ce PC est construit en bordure de la route dite de Soubise qui à cette époque était ouverte à la circulation publique et rejoignait l’embarcadère du bac qui assurait la liaison Rochefort-Soubise en traversant la Charente.

• • • la construction d’ateliers qui jouxtent ce PC à l’Est
      Ces ateliers seront donc érigés le long de cette même route de Soubise, dans l’alignement du PC

La première des 7 travées des ateliers: l’armature métallique, la travée terminée

• • • la construction d’une zone vie cadres (avec une infirmerie). La zone vie cadres consiste en quatre bâtiments logement alignés en deux lignes de deux. A l’extrémité des lignes se trouve le mess des sous-officiers dont l’accès sera permis par un passage couvert à partir des logements. L’infirmerie se trouve tout à fait à l’opposé du mess des sous-officiers.

Logements et mess des sous-officiers, phases de la construction
L’infirmerie

• • • la construction d’une zone vie élèves (avec un réfectoire et un foyer-coopérative).
      Cette zone vie consiste en trois casernes disposées en éventail, 2 casernes pour 450 apprentis encadrant une caserne pour 350 apprentis dont l’architecture est différente. A l’arrière des casernes un passage couvert permettra l’accès à un réfectoire. Le foyer est érigé à l’autre extrémité de la vaste esplanade de rassemblement, face à la caserne centrale.

Les 3 casernes des élèves, le réfectoire et sa cuisine et face à la caserne centrale, le foyer

 

• 2.3. L’ÉCOLE DES APPRENTIS MÉCANICIENS

Les deux vues ci-dessous représentent les zones vie de la nouvelle École des mécaniciens de l’armée de l’air une fois terminée. Elles datent de 1933.

Sur la vue de droite apparait clairement la séparation entre les deux zones: les logements des élèves sont situés à gauche, en éventail. Au centre du cliché, en haut, apparait l’entrée principale du site encadrée par le poste de garde et les locaux disciplinaires; au centre en bas du cliché, le grand bâtiment en forme de trapèze est le foyer du soldat, avec salle de cinéma, billard, coopérative, etc. Enfin, à droite, séparés de la zone vie des élèves par une clôture, le mess des sous-officiers et les 4 bâtiments des sous-officiers cadres ou stagiaires et un peu en retrait, derrière le foyer, l’infirmerie.

Les deux vues ci-dessous montrent, à gauche le PC tout juste terminé en 1933 et à droite quelques mois plus tard le PC et l’alignement des travées des ateliers où seront donnés les cours de mécanique avion et autres spécialités.

A suivre…